Débuté en 2016 à Paris, ce projet d'ateliers photo s'adresse aux personnes qui font l'expérience de l'exil. Une partie des participants sont issus des campements parisiens, car ils viennent d'arriver en France ou souhaitent continuer le voyage. Le chemin est pour eux, encore long et dangereux. La plupart font des aller-retours vers le nord, pour chercher à rejoindre l'Angleterre. Leur but est de rester le moins possible dans le campement de Calais, appelé la Jungle. “Jungle is a war", dit Yasser, un jeune du collectif. D'autres participants ont à peine entamé les démarches pour la demande d'asile.
Ces cheminements peuvent prendre plusieurs années. Tous sont dans l’attente. C’est dans ce temps suspendu que ce projet a pris forme.
L’objectif est de partager des outils afin que les personnes exilées puissent se représenter eux-mêmes, créer leur propre narration et partager leurs points de vue sur la société d'accueil, tout en apprenant des nouvelles techniques de communication. Prendre part active à un projet collectif pour faire face aux impacts de l'attente, mobiliser des ressources autres pour contraster les pensées liées aux violences subies et à l’incertitude présente.
Les ateliers se déroulent les mêmes jours à la même heure et ils deviennent un point d'ancrage, un rendez-vous où on est attendu et qu'on attend.
© Essa / NéBULA
MÉTHODE
Suite au déracinement et aux expériences traumatiques, le rapport au temps et à l'espace connaît une altération. Cela impacte la vie quotidienne des ces personnes, alors même que la découverte d'un nouvel environnement demande de pouvoir se repérer et de mobiliser des ressources psychiques.
Un appareil photo argentique est mis à disposition de chacun des participants, qu'il peut garder avec soi au-delà des moments partagés.
Un temps collectif d'exploration urbaine permet aux jeunes de prendre des clichés et découvrir différents quartiers. Convaincues que toutes ces personnes sont légitimes à prendre part à la vie urbaine et à bénéficier des différents lieux, nous avons fait le choix de mener les ateliers ailleurs, loin des campements éphémères de la capitale. Une manière de favoriser l'appropriation de l'espace et de susciter des nouvelles interactions.
© Silly / NéBULA
© Simon / NéBULA
© Alsadeg / NéBULA
© Ahmad Majed / NéBULA
© Mahmoud / NéBULA
© Yasser / NéBULA
© Alsadeg / NéBULA
Un second axe est dédié à un moment davantage réflexif, un temps d'échange sur les photos réalisées. Elles permettent de s'appuyer sur l'imaginaire personnel, sans être obligé de mettre des mots sur son propre vécu.
Les ateliers offrent aussi des moments où toutes les différences et les codes de notre société peuvent être abordés. Les thématiques sont choisies après une discussion collective, où chaque photographe en herbe peut s’investir dans la construction du projet par des propositions individuelles, faisant souvent le pont entre passé et présent, culture d’origine et culture d’accueil.
© Younis / NéBULA
© Joy / NéBULA
© Bahr / NéBULA
© Silly / NéBULA
© Essa / NéBULA
© Bahr / NéBULA
© Boubou / NéBULA
Les concerts, les expositions, les documentaires et les livres ont permis d'enrichir les échanges. En fonction des thématiques, chacun est amené à prendre la place de “médiateur” et à partager son savoir avec le reste du groupe. Lors de l'exposition “Bilad es Sudan” du photographe Claude Iverné, les participants du Soudan et du Soudan du Sud ont improvisé une visite guidée. Cela a suscité l'intérêt des autres visiteurs qui se sont joints à nous.
Les ateliers ont impliqué plus d'une cinquantaine de personnes issues de dix pays différents.
Fwaz / Bakir / Yasser / Alsadeg / Essa / Halima / Simon / Bahr / Walid / Alsadig / Mamadou / Amer / Younis / Joy / Boubou / Mahmoud / Mahaman / Omar / Majed Ahmad Majed / Patience / Mahommed / Sadik / Sam / Alla / Haron / Ali / Adam / Hasan / Aminata / Sylly / Paco / Aliou / Ellah / Ezedine / Hassan / Josephine / Talal
Nous sommes allés voir:
«Exil», Josef Koudelka, Centre Pompidou, Paris
«Bilad es Sudan», Claude Iverné, Fondation Henri Cartier-Bresson Paris
«T'es sérieux», Sébastien Petit, Collectif Curry Vavart, Shakirail, Paris
«Afriques Capitales», exposition collective, La Villette, Paris
«Weegee», Galerie Meyer, Paris
«Passport», Alexander Chekmenev et «Tools of resistance» Sasha Kurmatz, Galerie Folia, Paris
«Jeune», exposition collective, Galerie du Crous, Paris
«Étranger résident», collection Marin Karmitz, Maison Rouge, Paris
«Rock the Kasbah», exposition collective, Institut des Cultures d'Islam, Paris
«Acte I. Collection Sainte-Anne. Les origines» MAHHSA, Hôpital Sainte-Anne, Paris
A la découverte du street art, Belleville, Paris
«Afriques en lutte», Parole Errante,, Montreuil
«WAITING. Une réflexion sur l'attente», exposition collective de La Maison des Journalistes, Paris
«Persécutés / Persécuteurs, des Hommes du XX siècle», August Sanders, Mémorial de la Shoah, Paris
«Sudans Forgotten Films», documentaire, Suhaib Gasmelbari